Définition :
"On peut ainsi parler d'éjaculation prématurée lorsque l'orgasme se produit en tant qu'acte réflexe, c'est-à-dire lorsqu'il échappe au contrôle volontaire du sujet une fois que, chez ce dernier, l'excitation sexuelle a atteint une certaine intensité" déclare Helen Kaplan.
L’éjaculation prématurée est différenciée en deux catégories :
· Primaire si elle a toujours été présente dans la sexualité de l'homme ;
· Secondaire si elle survient après un temps de sexualité sans problème.
Cependant la distinction n'est pas toujours si facile.
Certains hommes penseront être primaire alors qu’ils sont en cours d’apprentissage de leur sexualité et d’autres pensant être secondaire se révèleront être primaire du fait du manque de contrôle du reflexe éjaculatoire dès le début de leur sexualité (passée inaperçu par la longueur de leur rapport).
L’éjaculation précoce est-elle une maladie ?
On ne considère pas l’éjaculation prématurée comme une maladie à proprement parler. L'homme qui éjacule rapidement fonctionne sexuellement bien. D'un point de vue physiologique, le fait qu'une fonction du corps se réalise efficacement et rapidement est un signe de bon état de l'organisme et non l'indice d'un défaut ou d'une maladie.
L’Homme et l’éjaculation :
Dans l'Histoire des hommes, on trouve aux quatre coins du globe, et à toutes les époques, une relation entre la virilité et la rapidité d'éjaculation, signe de bonne santé et de capacité reproductrice. Des concours entre mâles, visant à désigner celui qui est capable d'éjaculer le plus vite ont existé ici et là. On n'a par contre jamais mis en évidence des joutes au cours desquelles le plus lent serait le vainqueur. La durée du rapport n'a donc été, pendant des millénaires, qu'une affaire de goût privé, propre à tel individu ou tel couple, affaire dont l'écho ne transparaît pas dans les documents qui subsistent de ces époques. Dans l'histoire, le seul groupe social un peu important à avoir recherché la maîtrise de l'éjaculation est celui des riches Chinois capables d'entretenir plusieurs femmes. Celles-ci pouvaient en effet obtenir le divorce si elles n'étaient pas comblées.La longueur de l'acte sexuel est même un inconvénient pour les médecins du XIXe siècle, qui pensent que l'obtention rapide et sans obstacle de l'orgasme est nécessaire afin de préserver la vigueur des réflexes. Ils sont convaincus que seuls les alcooliques et les patients atteints de maladies nerveuses tardent à éjaculer.
En 1948, Kinsey juge que la plupart des hommes pourraient, à la suite d'un apprentissage, atteindre la maîtrise de l'éjaculation. Mais il considère qu'il n'y a pas d'intérêt à se retenir et préconise plutôt de s'abandonner à son excitation et à son plaisir : "Seule une fraction de la population mâle considérerait l'acquisition d'une telle compétence comme un substitut désirable aux rapports sexuels directs et rapidement effectués".
Mais, depuis, les thérapeutes ont décidé d'établir des normes : au début des années cinquante, ils considèrent qu'il est insuffisant de tenir moins de trente secondes. Puis ils évoquent par la suite des durées d'une, de deux, voire de trois minutes. Dans les années soixante, on passe à cinq minutes, puis à dix. En 1970, on considère que l'éjaculation est prématurée quand elle a lieu avant l'orgasme de la partenaire (plus de 50 % des cas).
Combien d’hommes sont concernés ?
Attention la grande majorité des études de réalisées sur l’éjaculation prématuré se basent sur le temps de pénétration avant éjaculation comme référence alors que cette notion n’est plus utilisé de nos jours pour juger de l’éjaculation prématurée.Une récente étude menée en France a montré que :
• 30 % de la population masculine éjacule en moins d'une minute de pénétration ;
mais en élargissant ce critère de sélection, on obtient des résultats très intéressants :
• 50 % de la population masculine éjacule en moins de trois minutes de pénétration ;
• 70 % de la population masculine éjacule en moins de cinq minutes de pénétration.
Dans l'enquête réalisée en 1992 sur le comportement sexuel des Français, 37 % des hommes affirment avoir une éjaculation rapide souvent ou parfois.
La plupart des hommes en sont victimes lors de leurs premiers rapports sexuels. Pour une grande majorité d'homme, le contrôle de l'excitation et donc du moment de l'éjaculation va se faire au fil des expériences sexuelles. Pour les autres (30 % environ), il ne sera pas possible.
Et dans ce domaine le french lover n'a pas à rougir, puisque des proportions analogues sont retrouvées dans la plupart des pays.
Il est intéressant de savoir qu’environ un tiers des hommes consultant en sexologie se plaignent de cette difficulté qui motiverait 20 % des demandes concernant la sexualité en médecine générale.
Pourquoi l’homme a une éjaculation rapide ?
Jusqu'ici on ne savait pas exactement pourquoi certains hommes contrôlaient facilement leur éjaculation alors que d'autres ne pouvait y parvenir. Des recherches récentes laissent penser que des neuromédiateurs cérébraux jouent un rôle dans la capacité à retarder le moment de l'éjaculation. Le stress et l'anxiété accélèrent l'éjaculation sans être pour autant les seuls facteurs responsables de l'éjaculation précoce. On retrouve généralement chez les hommes souffrant d'éjaculation prématurée une excitabilité plus importante que les autres, ce qui les empêche d'apprendre par eux même à gérer leur excitation sexuelle. Ils n'arrivent pas à repérer les sensations prémonitoires de l'orgasme, qui sont à la base du contrôle.La piste d’un mauvais apprentissage de la sexualité est également une des explications envisagées dans certain cas. Durant dans la période de masturbation du jeune garçon adolescent. Il est seul et ne cherche que le plaisir immédiat en se suffisant à lui-même, il n'a pas encore à partager son plaisir en s'adaptant aux réactions d'une partenaire. La peur instinctive de se faire surprendre peut l'inciter aussi à ne pas faire durer le plaisir avant l’éjaculation. Cette dernière est le but à atteindre car la masturbation lui permet d'abord de s'affirmer sexuellement, de se prouver qu'il est un homme capable de procréer mais aussi d'évacuer momentanément des tensions. Quelques années de pratique solitaire suffisent à lui faire prendre l’habitude de jouir rapidement. Les difficultés apparaissent lorsque sa sexualité s'oriente vers un partage, au moment des premières relations sexuelles.
L’éjaculation prématuré peux également être due à des causes ou chocs psychologiques très diverses.
Ejaculation précoce et couple ?
Les hommes souffrant d'éjaculation prématurée ont parfois des difficultés à se projeter, à s'imaginer dans une histoire amoureuse. Trop souvent, leurs pensées les projettent dès la rencontre dans l'échec de la relation sexuelle et la déception de sa partenaire… Partant perdant, il renonce avant d'avoir essayé.Pourtant si l'on considère le pourcentage d'hommes souffrant de ce problème, de nombreuses couples ont appris à vivre avec. Les femmes comme les hommes ne choisissent pas leur partenaire sur le seul critère de leurs performances sexuelles !
Pour une femme, comme pour un homme, le charme d'une rencontre est constitué d'un ensemble d'éléments : la façon d'être de l'autre, le souvenir conscient ou non d'une personne connue, les centres d'intérêts communs, la découverte d'un monde différent ou d'une façon de voir la vie, l'intérêt que l'autre vous porte. Les histoires d'amour naissent de tout cela. Le fait que l'autre présente un défaut ne sera problématique que si le lien ne peut se faire.
Lorsqu'une relation amoureuse s'est installée entre deux personnes, l'éjaculation prématurée ne peut être un obstacle à la poursuite de leur idylle. Bien sûr, ce problème constituera peut-être une frustration, mais celle-ci pourra être compensée par beaucoup de caresses et d'attention au plaisir de l'autre. D'autant qu'un traitement est toujours possible. Le nouveau couple pourra décider de résoudre ensemble ce problème ; leur sexualité relationnelle en sera renforcée.
Dans une relation uniquement basée sur la sexualité, elle sera parfois un obstacle. Surtout si la femme recherche un plaisir vaginal et uniquement ce plaisir-là. Mais peu de femmes sont dans ce cas. Leur capacité de jouissance passe autant par le clitoris et les caresses que par un rapport sexuel.
Nos cousins primates, dont certains consacrent du temps à leur sexualité, ont exploré un grand nombre de jeux sexuels mais ne semblent pas intéressés par les sensations liées au prolongement de la durée d'intromission : même chez les bonobos, un coït n'excède pas quinze à vingt secondes. Les mâles de cette espèce prennent pourtant en considération le plaisir de leur partenaire puisqu'ils règlent leurs mouvements sur les réactions de la femelle et interrompent le rapport si la guenon ne s'excite pas. Par ailleurs, les femelles bonobos passent de longues minutes à se caresser le clitoris et à se frotter mutuellement la vulve.
Malgré toutes ces réassurances, il est parfois difficile de sortir de l'impasse : l'homme se vit comme indigne de l'intérêt d'une femme à cause de son éjaculation rapide. C'est souvent l'arbre qui cache la forêt : l'éjaculation est le problème mis en avant car il apparaît comme évident, alors que d'autres problématiques moins avouables, moins repérables sont pourtant responsables de l'échec relationnel : timidité, peur des femmes, manque de confiance en soi… Il faudra regarder en face tous ces problèmes et peut-être choisir l'aide d'un thérapeute pour les affronter.
L'éjaculation prématurée ne peut être un obstacle pour une rencontre amoureuse. Elle peut parfois prendre sa place dans les confidences que le couple échange pour mieux se connaître. Sans nier son désagrément il n'est pas juste d'en faire une montagne insurmontable.
Il arrive que dans un couple ou l’éjaculation précoce ne posais pas de problème la situation se dégrade. Notamment chez les couples ayant eu des enfants. Jusqu’alors l’instinct de procréation influençait considérablement la sexualité du couple ou dans l’inconscient féminin éjaculateur précoce signifiait male reproducteur. L’arrivée de plusieurs enfants atténuant généralement le besoin de reproduction, l’acte sexuel devient alors un acte de plaisir et l’éjaculation précoce peut poser problème si le couple n’a pas mis en place une sexualité adapté à sa situation.
La mésentente conjugale ne peut avoir pour origine une éjaculation prématurée. Dans un couple en harmonie, ce problème est accepté sinon le couple prend les moyens de le résoudre. Par contre en cas de crise, ce phénomène est souvent mis sur le devant de la scène, masquant les réels problèmes d'entente du couple.
Apprendre et Réinventer sa sexualité :
Le désir sexuel est inné chez l'homme, l'attirance vers le sexe opposé (ou le même sexe) est un conditionnement naturel puissant qui vise à la reproduction de l'espèce. Nous pensons que pour cette raison la sexualité ne nécessite pas d'apprentissage ou peu s'en faut. C'est une idée fausse, notre sexualité, plus que toute autre chose, nécessite un effort d'apprentissage si nous voulons la développer et l'harmoniserIl n'y a malheureusement pas beaucoup d'information réelle pour y parvenir, l'information sexuelle auprès des jeunes en France vise le plus souvent les moyens de contraception et la prévention des maladies, le plaisir, le moyen de le faire durer et ses écueils sont plus rarement évoqués.
La porte est laissée grande ouverte aux films pornographiques qui exercent un monopole et n'apportent aucune information pratique ; pire que cela, ils créent des modèles d'identification et brûlent les étapes de l'apprentissage. Il faut souligner que leurs motivations sont uniquement commerciales et ne visent que le profit financier immédiat.
Un individu ne cesse d'évoluer au cours de son existence et sa sexualité suit le même chemin : on ne fait pas l'amour de la même façon à 40 ans qu'à 20 ans et cette évolution se poursuit tant que notre sexualité se prolonge.
De nombreux adolescents se taxent volontiers d'éjaculateurs précoces alors qu'ils n'en sont qu'à leurs débuts amoureux. Et si leur situation s'apparente à celle d'un homme qui fait le plus souvent l'amour en moins de deux minutes, un fossé les sépare.
On ne peut vraiment parler d'éjaculation précoce qu'après une certaine période d'ajustement comprise entre deux ou trois années de rapports sexuels assez fréquents. Un adolescent qui débute sa vie amoureuse risque d'éjaculer dans les premières minutes de pénétration. Pourquoi ?
• Car le corps de l’autre est trop excitant pour lui qui n'en a pas encore l'habitude, il est totalement débordé par l'émotion ;
• car il a souvent derrière lui plusieurs années de pratique de masturbation en solitaire, le plus souvent à la sauvette ce qui favorise l'éjaculation précoce ;
• car la nature a programmé l'homme pour qu'il éjacule assez rapidement pendant les rapports sexuels ;
• car il doit faire l'apprentissage de ce contact si particulier entre son sexe et celui de sa partenaire.
Les hommes pensent généralement que les femmes ne parviennent pas à l'orgasme pendant le coït à cause d'une trop grande rapidité masculine. Mais, à la suite d'une enquête menée auprès de quelques milliers de femmes, On estime que rien n'est plus faux : Quand les femmes parviennent à l'orgasme, ce n'est pas tant parce que les mouvements de va-et-vient durent longtemps, que parce que chacune a trouvé un moyen à elle d'avoir le clitoris stimulé pendant le coït.
25 % des femmes n'ont pas d'orgasme pendant la pénétration et 50 % ne se satisfont pas du va-et-vient pour jouir – elles ont besoin de caresses clitoridiennes précises pour atteindre l'orgasme
Pour beaucoup de femme, le plaisir s'établit plus facilement et plus intensément par les stimulations du clitoris et même du vagin avec les doigts ou la langue. Les hommes aussi sont friands des caresses buccales. Un godemiché peut également être utilisé dans les jeux sexuels.
Chacun donne et reçoit. Qu'importe qui, de l'homme ou de la femme, connaît le premier la jouissance : l'autre sera attentif, ensuite, à poursuivre ses caresses pour qu'advienne l'orgasme de son partenaire.
Il ne surtout pas négliger les préliminaires : les raccourcir ne permettra pas de tenir plus longtemps et aura pour conséquence de focaliser encore plus l’acte sexuel sur la pénétration et sur les sensations au niveau du gland.
Ainsi, inverser le schéma classique, faire des "préliminaires" le moment fort de la sexualité et la pénétration vaginale un moment parmi les autres voire la laisser de côté, ne pas en faire un passage obligé, permettra au couple de réinventer sa sexualité.