"L'identité masculine et féminine de l'humain est un peu plus complexe que la forme de ses organes".
(Valdo Lydeker)
Pour compléter les articles sexo sur l'anatomie masculine et féminine, voici un article sur l'identité sexuelle:
Hier encore tout était simple, du moins sur le papier; Un homme avait des testicules, une verge, et des chromosomes sexuels XY. Une femme quand à elle possédait, des seins, un vagin, des ovaires et des chromosomes sexuels XX. Ceux qui ne rentraient pas dans ces catégories étaient des erreurs de la nature. Oui mais voila c'était hier et aujourd'hui les scientifiques, médecins et philosophes commencent à se demander si tout est forcément blanc ou noir, homme ou femme. Ainsi on commence à parler d'identité sexuelle et de genre masculin ou feminin, plus que sexe homme ou femme qui ne permettent pas de définir convenablement l'ensemble de la population. Et si vous pensez que ces cas (intersexes) sont rarissimes voire inexistants, détrompez vous: une étude récente recense qu'un enfant sur six cent (1/600) naîtrait intersexe!
Pour commencer une petite aparté historique:
Les problèmes de différenciation du genre féminin et masculin, ne datent pas d'hier, ainsi, il est intéressant de savoir qu'au moyen age, cette différenciation était établie par la théorie du "corps minéral" qui définissait ce qui suit:
Le corps de l'homme et le corps de la femme sont de constitution différente.
Celui de l'homme est considéré comme fort, sec et leger. C'est le corps qui possede la chaleur et la secheresse et qui est composé principalement d'humeur légère et fougueuse.
Celui de la femme est humide et lourd, un corps lourd principalement composé de terre et d'eau.
La difference entre les sexes n'avait rien à voir avec leur structure anatomique, elle se faisait suivant que l'on soit plus léger, plus sec, plus fougueux ou plus chaud ou que l'on soit plus froid et plus humide. La raison pour laquelle on a différencié les corps était que pour la femme, les organes génitaux étaient en dedans alors que pour l'homme on considérait que ces même organes avaient été sortis par la chaleur vitale du corps qui les avait créés. Ainsi on considérait que l'homme était une femme à l'envers et inversement.
Après la révolution Copernicienne, le corps de l'homme devient le corps de référence, c'est le corps qui sait se contenir, le corps qui ne perd rien (on établit alors tout un champ lexical de la perte, on ne peut par exemple pas perdre du sperme). Le corps de la femme devient le corps qui fuit, il devient le mauvais corps, le coprs imparfait, le corps qui saigne. C'est le corps de la parturition, le corps qui contient et expluse d'autre corps, c'est un tout nouveau discours sur le corps.
Depuis, les médecins hygiénistes ont pris le contrôle de la sexualité et de ce qui doit ou non se faire en la matière. On a vu apparaître des sexualités différentes entre hommes et femmes, basées sur l'aspect extérieur des organes génitaux. Plusieurs petits détails furent oubliés au passage dans cette séparation bien sexuée de la sexualité : le clitoris n'est que la partie bien visible d'un organe qui en interne a une furieuse tendance à ressembler à un pénis. Autre fait bizarre, des femmes parlent d'éjaculation féminine (on les appela parfois "femmes fontaines"). Il faut dire que des femmes éjaculant et ayant un pénis caché, cela ne cadrait pas vraiment avec l'image de sexualités séparées.
On oublie un peu trop qu'au 18ème les femmes éjaculaient encore et que ce n'est que depuis le 19ème qu'elles n'en seraient plus capables, seuls les hommes pouvant le faire.
Du côté masculin, réapparurent d'autres conceptions de la sexualité masculine basées sur le contrôle et le blocage de l'éjaculation et sur un orgasme déterminé par l'action des muscles du sphincter, muscles que les femmes possèdent également. Cet orgasme rappelle furieusement l'orgasme vaginal. Diable, ça se corse !
Nous voici donc aujourd'hui avec des hommes et des femmes qui ont un pénis, qui éjaculent, capables de ressentir un orgasme venant du bas ( dans une région située autour de l'anus ).
Et aujourd'hui? Homme, Femme, Intersexuel, Transexuel...
Si dans la plupart des sociétés, les individus sont répartis en deux catégories, les hommes et les femmes, les dernières avancées de la biologie montrent qu'il est beaucoup plus difficile de définir scientifiquement ce qu'est le sexe. Il n'y a, en fait, pas de critère unique et « naturel » qui permettrait de définir clairement le sexe d'un individu, mais plusieurs caractéristiques de différents types relevant de plusieurs approches :
On distingue trois types de sexe : biologique (1), social (2) et psychologique (3).
Le sexe biologique lui-même est défini à trois niveaux qui sont :
le sexe génétique. La présence des chromosomes sexuels X et Y déterminent le sexe de l’individu dès la fécondation bien que l’appareil génital soit indifférencié au départ. Les femmes sont « XX » et les hommes « XY » et les intersexes peuvent avoir des variantes (XXY...) même si ce n'est pas le cas systématiquement.
le sexe gonadique. Les gonades se développent ensuite sous l’expression des gènes présents sur les chromosomes sexuels. Elles se différencient en ovaires pour les femmes ou en testicules pour les hommes, et peuvent être les deux pour les intersexes.
le sexe phénotypique. Il s’agit de l’apparence des organes génitaux à la naissance puis de l’apparition des caractères sexuelles secondaires (pilosité, rondeur, masse musculaire, voix…) à partir de la puberté sous l’effet des hormones sexuelles (testostérone chez l’homme et oestrogène chez la femme). A ce moment, l’appareil génital est fonctionnel et l’individu peut engendrer une descendance. Là encore rien n'est simple, l'apparence à la naissance n'est pas toujours figée. Une évolution biologique peut intervenir au cours de la vie vers une masculinisation ou une féminisation. Des ovaires peuvent se transformer en testicules et inversement des testicules non descendus en ovaires. Ovaires et testicules restent susceptibles de se transformer.
Vient ensuite le sexe social qui correspond à la conception de la société sur ce qui est féminin et ce qui est masculin. Plus précisément, ce terme renvoie à l’éventail des rôles et rapports déterminés par la société, aux traits de personnalité, aux attitudes, aux comportements, aux valeurs, à l’influence et au pouvoir relatifs que la société attribue aux deux sexes en fonction de leurs différences. Aux filles sont associés : la couleur rose, les poupées, le bavardage, le contact humain, la douceur tandis que les garçons font preuve d’agressivité, sont virils, se repèrent dans l’espace, partent à la chasse puis au travail, etc. Ce sont autant de représentations fixées par la société. Il existe d’autres sociétés où une femme peut avoir des comportements ou des prérogatives tenus pour masculins, et inversement un homme peut assumer des traits culturellement marqués comme féminins. C’est le cas pour les Tchambulis (Papouasie-Nouvelle-Guinée) où les hommes prêtent une grande attention aux soins du corps et à la coquetterie alors que les femmes doivent être rudes et fortes pour être efficaces dans la gestion des richesses sociales. Si cela ne suffisait pas, voici d’autres exemples de stéréotype qui définissent le sexe social selon notre société (je dis bien des stéréotypes qui n’ont aucune base biologique valable).
S’ajoute enfin le sexe psychologique qui est le fait de se sentir homme ou femme. Dans la majorité des cas, le sexe psychologique de la personne est en accord avec son sexe anatomique qui est le repère principal. Pour certains, il existe un décalage entre ces deux types de sexe : ce sont les transsexuels. Ainsi, une femme transsexuelle se sent homme bien qu’elle soit née avec tous les attributs féminins et vice-versa pour les hommes transsexuels. Attention à ne pas confondre avec l’orientation sexuelle qui désigne l’attirance érotique, le désir affectif et sexuel.
De nombreux travaux scientifiques semblent démontrer aujourd'hui, que le sexe représente un ensemble de données et non un seul élément permettant de considérer qu'on est soit mâle soit femelle
Tous ces différents types de sexe concourent à la mise en place de notre identité sexuelle. Une dissonance apparaît à un niveau et c’est toute notre identité qui se retrouve fragilisée si ce n’est remise en cause. La complexité de notre identité sexuelle ne peut simplement se définir par la séparation naïve « femme/homme ».
De nos jours nous sommes considérés comme étant:
Un Homme: Facile vous êtes un homme si vous vous sentez Homme et si votre anatomie correspond aux caractéristiques physique standard (voir l'article sexo: anatomie masculine) et si la société vous reconnait en tant que tel.
Une Femme: Idem vous êtes une femme si vous vous sentez Femme et si votre anatomie correspond aux caractéristiques physique standard (voir l'article sexo: anatomie Feminine) et si la société vous reconnait en tant que tel.
Un ou Une Transsexuel: Les transsexuels sont des personnes qui ont le sentiment d'être nées dans un corps qui ne leur correspond pas, c'est à dire qu'elles habitent un corps d'homme alors qu'elles se sentent femme ou inversement. Les transsexuels ont souvent le sentiment que la nature s'est trompé et qu'ils ont le "mauvais corps". Les transsexuels sont loin d'être des fou ou des malades mentaux et aujourd'hui de plus en plus de personne osent en parler et vivre comme bon leur semble malgré leur corps physique. Certains décident de se faire opérer mais ce n'est pas la majorité. Aux états-unis, chez les jeunes enfants, les traitements hormonaux pour changer de sexe obéissent à des recommandations édictées par la société américaine d'endocrinologie. Les enfants bénéficient d'abord d'un accompagnement psychologique jusqu'à la puberté, puis suivent un traitement pour bloquer cette dernière. A l'âge de 16 ans, ils peuvent enfin commencer un traitement hormonal qui leur permettra de changer définitivement de sexe.
Intersexes: Comme le nom l'indique, les intersexués sont des personnes qui se situent entre les deux sexes officiels. Ils sont naturellement plus ou moins masculins ou féminins.
Aussi appelée "hermaphrodisme" ou "ambiguïté sexuelle", l'intersexuation est une variation du développement sexuel. C'est-à-dire que les organes génitaux de la personne ne correspondent pas aux standards mâle et femelle. Une personne intersexuée présente une morphologie sexuelle extérieure et/ou interne qui appartient aux deux sexes officiels.
F------------------------------------------------------H------------------------------------------------------M
(intersexuation féminine) (intersexuation masculine)
|-----------------|
fortement intersexué
F = aspect féminin
H = Hermaphrodite
M = aspect masculin
Au milieu du schéma se trouvent les personnes fortement intersexuées qui posent problème à notre société actuelle pour les assigner à l'un ou l'autre des deux sexes officiels.
L'embryon reste totalement féminin jusqu'à la huitième semaine de son développement. Puis le foetus XX sera faiblement virilisé et restera une fille. Le foetus XY sous l'effet des hormones masculines majoritaires sera davantage virilisé. Les organes génitaux féminins du départ seront transformés en organes masculins. Toutefois la similitude entre les organes féminins et masculins demeureront. Par exemple le gland du pénis est exactement la transformation du clitoris visible à l'extérieur. En interne le clitoris a en moyenne une longueur de 8 cm. La verge est constituée par les grandes lèvres de la vulve initiale qui se sont soudées. Regardez votre pénis. Ce pénis conserve la trace de l'organe féminin. Vous remarquerez une sorte de soudure tout le long de sa partie antérieure. Elle est la trace du sexe féminin dont les lèvres se sont soudées. Cette soudure appelée raphé est plus ou moins prononcée. Si le raphé est un peu boursouflé, très visible c'est une indication d'un taux important d'hormones féminines dans l'organisme. Elle peut même n'être pas totalement refermée, se situer de la zone périnéal (féminisation partielle maintenue) jusqu'à la zone balanique du gland (masculinisation presque complète). En médecine le terme utilisé pour une soudure incomplète est hypospadias.
Si certains enfants ont une intersexuation forte et clairement visible à la naissance, d'autres ne la développeront que plus tard (souvent à l'adolescence). Les cas relativement prononcés sont encore aujourd'hui traités par la médecine et sont considérés comme des anomalies qui sont "rectifiées" par la chirurgie et le traitement hormonal. Mais la médecine et la chirurgie sont loin de pouvoir apporter toutes les solutions aux enfants intersexes. Tous ont besoin d'être reconnus dans leurs différences, de pouvoir en parler et de poser des questions, et surtout, ils ont besoin d'être aimés pour ce qu'ils sont. Ni tout a fait fille, ni tout a fait garçon. Presque toutes les associations d'intersexués du monde sont contre ces pratiques dites médicales qui violent les droits fondamentaux de la personne humaine et laissent de très lourdes conséquences tant physique que psychologique.Il est vrai que dans notre société, tout ce qui concerne le développement génital et l'identité sexuelle est tabou et mal connu.
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, l'intersexuation à toujours existé et n'est pas si rare que ça par contre elle est facilement passée sous silence et cachée.
L'estimation de la proportion d'individus intersexués à la naissance n'est pas facile, car elle est mesurée par le nombre d'enfants dont l'organisme paraît assez atypique aux médecins pour les amener à corriger leur sexe par des opérations peu après la naissance; en 2008, cette proportion était estimée à 1,7%. Selon les organisations de défense des droits des intersexués, le nombre de personnes intersexuées dans le monde est plus élevé que ce que ces chiffres laissent voir, principalement parce que beaucoup de personnes intersexuées ne présentent pas d'ambiguïté sexuelle immédiatement visible à la naissance (et ne sont donc pas diagnostiquées comme intersexuées).
En France, une étude statistique récente parle d'un enfant sur 600 qui naît intersexe.
L'intersexuation est parfois due à une variation génétique comme pour les personnes porteuses des chromosomes sexuels XXY, XYY, XO… mais certaines variations ne sont pas génétiques et restent inexpliquées. De même contrairement à ce que l'on pourrait croire, beaucoup de personnes sont « tout simplement » XX ou XY alors que leurs organes génitaux ne sont pas dans les normes correspondant à leur caryotype. Quand on parle de chromosomes, il est très facile de penser à des maladies lourdes voire incurables mais l'intersexuation n'est pas une maladie, même si elle peut parfois engendrer des problèmes de santé plus ou moins graves.
L'intersexuation peut également être due à une sensibilité des récepteurs aux hormones masculines. Cette sensibilité est par ailleurs génétique. Elle varie d'un individu à l'autre. La masculinisation sous l'effet des hormones continuera toute la vie. Pour les femmes cette dernière apparaîtra à partir de la ménopause.
Dans certains cas où il y a une insensibilité presque totale aux hormones masculines, malgré un sexe "masculin" génétique XY, la personne possédera organes féminins complets.
En conclusion, en l'état actuel de nos connaissances, il n'est pas possible de constater de différences absolues entre personnes dites de sexes différents puisque même le caryotype XY ne suffit pas à définir, sans aucune exception, le sexe conventionnel obtenu. Et quand une règle a une exception ce n'est plus une règle d'un point de vue scientifique. Les différences ne sont que statistiques avec bien entendu une fréquence élevée de personne ayant les phénotypes féminins et masculins conventionnels selon leurs caryotypes féminin XX ou "masculin" XY. La sexe de l'être humain comme pour les autres mammifères est de base féminine et le masculin est une excroissance du féminin vers toute une gamme de nuances.
Selon les aspects morphologiques, il n'y a pas que deux sexes. Il n'y a que des degrés, sans frontière absolue.